Re-enactement et mimèsis lors de la navigation dans un environnement virtuel à des fins de formation.
Artémis Drakos  1, 2, *@  , Germain Poizat  2@  , Geneviève Filippi  1@  , Simon Flandin  2@  , François Palaci  1@  
1 : EDF Recherche et Développement
EDF Recherche et Développement
7 Boulevard Gaspard Monge, 91120 Palaiseau -  France
2 : Université de Genève
24 rue du Général-Dufour CH - 1211 Genève 4 -  Suisse
* : Auteur correspondant

Contexte. La recherche présentée porte sur l'analyse de l'activité des formés et des
formateurs lors d'une situation de formation intégrant un environnement virtuel. Cet
environnement virtuel (VVProPrepa) permet la visualisation d'un bâtiment industriel à
risques et restreint d'accès lors des phases de production, le bâtiment réacteur.
Problème. L'industrie nucléaire a pris le « virage numérique » et vise à digitaliser un
grand nombre de formations destinées aux salariés de l'entreprise. Cependant l'insertion
d'environnements virtuels (immersifs ou non-immersifs) transforme autant l'activité des
formateurs en terme de conception et animation des situations de formation que des
formés en lien avec leur processus d'apprentissage et développement. Plusieurs
questions se posent comme « quels sont les apports des technologies éducatives pour les
apprenants en milieu professionnel pour l'acquisition de savoirs techniques et de
compétences métier ? » ou bien « quelle est la participation du corps propre à la
perception visuelle lors de la navigation dans et avec VVProPrepa ? », « comment
concevoir un environnement virtuel formatif qui perturbera le couplage des formés avec
leur environnement pour faire émerger des nouveaux apprentissages ? ».
Méthode. La méthode d'analyse du couplage structurel repose sur des hypothèses
théoriques qui constituent le noyau dur du programme de recherche du cours d'action qui
sont le paradigme de l'enaction, l'hypothèse de la conscience préréflexive et l'hypothèse
de la pensée signe. L'analyse sémiologique (Peirce, 1978) du couplage acteurs-
environnement permet de rendre compte de l'expérience des acteurs lors de l'utilisation
de VVProPrepa en situation de formation.
Résultats (attendus) . Les visées de cette recherche sont i) la production de
connaissances empiriques sur l'activité des formés et des formateurs lors de l'utilisation
de VVProPrepa en situation de formation et ii) la formalisation de principes de conception
et la conception de nouvelles situations de formation intégrant des environnements
virtuels comme VVProPrepa. Les résultats visent à apporter des éléments de réponse
autour de l'expérience des acteurs qui naviguent dans et avec VVProPrepa, concernant la
façon de percevoir l'environnement spatial du bâtiment réacteur en lien avec les
différentes modalités de visualisation (photos 360°, modélisation 3D, vue d'aigle, plans
2D). Enfin les écarts entre une visualisation du bâtiment réacteur réel et du bâtiment
réacteur virtuel sont questionnés concernant leur potentiel à des fins de formation.
Conséquences (potentielles) . L'analyse et modélisation de l'activité des utilisateurs
de l'environnement virtuel en formation peut permettre la conception ou amélioration de
l'environnement virtuel existant afin d'intégrer des éléments qui sont significatifs et
perturberont potentiellement le couplage acteur-environnement virtuel. Ces éléments
favoriseront l'engagement mimétique des formés, le re-enactement d'expériences vécues
et la projection dans des futures situations de travail. Ainsi ce travail permet de
documenter l'expérience des acteurs lors de l'interaction avec un environnement virtuel
et de questionner la scénarisation pédagogique qui accompagne l'intégration d'un
environnement virtuel dans une séance de formation avec un cadre théorique et
méthodologique qui permet d'analyser et modéliser l'activité lors de l'interaction avec
VVProPrepa.
Lien avec l'enaction . Cette recherche s'inscrit dans le programme de recherche du
cours d'action (Theureau, 2015), basé en conjonction entre i) le paradigme de l'enaction
(Maturana & Varela, 1994) enrichi afin de mieux prendre en compte la technique et la
culture dans l'activité humaine (Theureau, 2009) et ii) l'hypothèse de conscience
préréflexive (Sartre, 1943). Les recherches s'inscrivant dans le programme de recherche
du cours d'action ont comme point d'ancrage de conceptualiser l'activité comme objet
d'étude. Dans cette perspective enactive de l'activité, cette dernière est essentiellement
autonome, et s'actualise sous différentes formes à tout moment. Elle est située
dynamiquement dans un monde où existent d'autres acteurs. L'activité est indissociable
des ressources matérielles, sociales et culturelles avec lesquelles elle interagit de manière
constate et évolutive.
Dans notre recherche les formés et le formateur organisent leurs actions au fil de la
dynamique d'interaction et navigation dans et avec VVProPrepa. Le processus
d'apprentissage/développement des formés n'est donc pas un processus isolé, mais se fait
en interaction avec l'environnement spécifique à chaque formé. Dans cet environnement
émergent des « éléments perturbateurs » propres à chacun qui participent à la
construction de l'activité et donnent lieu à des nouveaux apprentissages. Or le formateur
n'a pas accès à ces environnements, c'est-à-dire aux mondes propres des formés.
Finalement le paradigme de l'enaction a un rôle central autant dans la compréhension de
notre objet d'étude (activité humaine), à la définition du processus d'apprentissage, aux
principes de conception d'environnements virtuels et dans l'approche théorique et
méthodologique adoptée.
Mots clés : analyse de l'activité, cours d'action, re-enactement, environnement virtuel,
formation, expérience, engagement mimétique.


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